Construit sur le fleuve Mouhoun dans le département de Bama, le barrage de Samendeni a une capacité de stockage de 1.050.000.000 M3. Il est doté d’une centrale hydro électrique d’une production annuelle de 18 Gwh.

D’un cout estimé à 61.687.917.293 francs CFA (94.000.000€), ce barrage devra contribuer fortement au développement socioéconomique du Burkina Faso. En effet, il est prévu à son terme, la construction d’un hôtel perché sur le lac du barrage, le développement d’une pèche de type commercial toute l’année, des aménagements hydroagricoles d’environs 21.000 Ha pour près de 100 000 emplois, une contribution au PIB et à la production nationale céréalière respectivement de 2% du PIB et de 3%.

Cependant, comme on peut l’imaginer, l’aménagement de ce joyau n’est pas sans difficultés.  Il a nécessité le déplacement, la relocalisation de 7 villages et l’indemnisation de 4000 ménages. Selon le Programme de développement intégré de la vallée de Samendeni (PDIS) toutes les dispositions ont été prises pour une meilleure relocalisation des populations affectées par la construction du barrage. Portant celles-ci grognent et accusent le PDIS de n’avoir pas tenue ses promesses.

 Pour mieux comprendre le processus de prise en charge de ces personnes déplacées Land for Life/Plateforme multi acteurs sur le foncier, a organisé du 18 au 20 mai 2020, un voyage de presse avec son pool média sur les lieux. Ainsi les journalistes ont pu s’entretenir avec les habitants de Magafesso, village relocalisé sur un site aménagé par le PDIS et visité le barrage de samendeni. Un tête à tête a aussi eu lieu entre le pool média et l’équipe de coordination du PDIS.

Les sujets d’insatisfactions des populations

A Magafaisso, l’un des sites d’accueil aménagés non loin du barrage de Samendeni, les populations déplorent le manque de terre. « Sur ce nouveau site, les terres ne sont pas aussi fertiles que celles d’avant. En plus, certains sont obligés de dépenser entre 15.000 et 20.000f francs CFA (20-30€) pour louer des superficies culturales » déclare Salam Sangnèé. Quant à Djama Traoré, lui pratiquait le maraichage. Mais sur ce nouveau site, il rencontre d’énormes difficultés du fait du manque d’eau. « Mon jardin était au bord du marigot. Mais ici il n’y a pas de point d’eau où je peux m’installer pour poursuivre mon activité. Même l’eau pour construire nos maisons c’est difficile d’en trouver ». Le chef de village de rajouter qu’il a perdu beaucoup en termes de superficie.

Traoré Mariam quant à elle apprécie les réalisations sur le site. « Grace au PDIS, nous avons accès à l’eau potable, à l’électricité et  nos enfants vont à école. Ce que je demande au PDIS c’est de nous aider avec des crédits pour qu’on puisse mener des activités génératrices de revenus. Dans mon village, je vendais la patte d’arachide. Cela pouvait me rapporter environs 300.000 francs CFA (460€) par an. Mais ici je n’arrive pas à m’en sortir. »

Djema Traoré ©Welthungerhilfe
Mariam Traoré ©Welthungerhilfe
Le chief du village ©Welthungerhilfe

Pourtant, selon beaucoup d’habitants de Magafesso, le PDIS n’a pas tenu ses promesses car ils auraient entendu que le programme devrait offrir à chaque ménage affecté et recensé, une maison clé en main, une somme de 15.000.000 francs CFA (23.000€) et des vivres pendant 20 ans.

Les éclaircissements du PDIS

Selon l’équipe de coordination du Programme de développement intégré de la vallée de Samendeni (PDIS) le Gouvernement Burkinabé et ses partenaires ont pour leur part respecté le protocole d’indemnisation et sont même allés bien au-delà de ce qui était prévu.

« Au recensement des populations à l’entame du projet, on était à 2000 ménages. Mais à l’exécution, ce nombre a doublé du fait du retour de migrants par suite de la crise en Côte d’Ivoire. Du coup, on s’est retrouvé à 4000 ménages. En plus des villages qui devraient être déplacés partiellement, ont finalement été déplacés totalement. Ces différents imprévus ont eu un grand impact sur les couts. » affirme Monsieur Edgard Zombré, chargé du volet infrastructures du PDIS.

Malgré ces imprévus assez conséquents, le PDIS a réussi à respecter son cahier de charge pour ce qui est de la réinstallation des populations déplacées et des mesures d’accompagnement.

Les indemnités liées aux terres de cultures, aux maisons d’habitation, au préjudice moral subi, ont été payé. Les parcelles d’habitation sur le site d’accueil ont été octroyés et bientôt chaque ménage disposera de son titre foncier et cela pour environs 18 milliards fancs CFA (27.000.000€). En plus, des infrastructures communautaires socio-éducatives, sanitaires et de désenclavement d’un coût de plus de 11 milliards francs CFA (16.800.000€) ont été réalisé sur les sites. Il s’agit de forages, des centres de santé, d’écoles, de châteaux d’eau, de pistes rurale et plus.

Blaise Bama ©Welthungerhilfe
Aboubacar Gnamou ©Welthungerhilfe

Si l’Etat a respecté sa part, pourquoi les populations se plaignent -ils ?

Selon M. Aboubacar Gnamou, chargé du suivi évaluation du PDIS, cette crise de confiance entre le PDIS et les populations déplacées est née d’une immixtion de certaines personnes extérieures. « Certaines associations ont fait comprendre à ces populations que nous devons les dédommager à plus de 15 millions de francs CFA (23.000€) chaque ménage. Nulle part dans nos documents, il n’est prévu cela. Nous avons présenté des maquettes de maison que les populations pouvaient construire avec les indemnisations reçus. Mais en aucun cas il n’a été prévu que le PDIS réalise ces bâtiments pour elles.  En sommes, aucune des promesses non tenues selon les populations n’a de fondement » .

Le véritable problème découlerait donc de la mauvaise gestion des indemnisations perçues par les bénéficiaires. Malgré les nombreuses sensibilisations effectuées par le PDIS pour les accompagner, beaucoup ont malheureusement dilapidé leurs sous au lieu de s’acheter des terres ou d’investir dans leurs logements ou d’entreprendre des activités de reconversion comme c’était prévu.

La preuve est que quand on leur demande ce qu’il leur faut comme aide supplémentaire, ils réclament tout simplement de l’argent.

En somme, il faut retenir qu’on ne peut jamais satisfaire tout le monde et qu’on n’obtient rien sans sacrifices ou sans risques. Oui, il est certain que le déplacement des populations n’est pas sans dommage et aucune œuvre humaine n’étant parfaite, le PDIS a dû surement avoir certains manquants.  Mais à voir la plus-value que l’aménagement du barrage de Samendeni apportera au développement du Burkina Faso, on peut dire que le sacrifice et le risque en valent la peine.

by Miriam S. Onadia, original articles on Burkina 24 and Ouest-Info.

    © Welthungerhilfe

    Built on the Mouhoun River in the department of Bama, the Samendeni dam has a storage capacity of 1,050,000,000 m3. It has a hydroelectric power station with an annual production of 18 GWh.

    With an estimated cost of 61.687.917.293 CFA francs (94.000.000€), this dam will contribute greatly to the socio-economic development of Burkina Faso. It is also planned to build a hotel next to the lake of the dam and to develop a commercial fishery all year round. Furthermore, it is planned to develop hydro-agricultural activities of about 21.000 hectares for nearly 100.000 jobs, 2% of the GDP and 3% of the national grain production.

    However, as one can imagine, the development of this promising project is not without difficulties. It required the displacement, relocation, and compensation of 7 villages with its thousands of households. According to the Samendeni Valley Integrated Development Program (PDIS), all measures have been taken to better relocate the population affected by the construction of the dam. Nevertheless, the latter is grumbling and accusing the PDIS of not having kept its promises.

    To better understand the process of these displaced people, Land for Life organized a press trip with its media pool on the spot from the 18th till 20th of May. The team was able to speak with the inhabitants of Mangafesso, a village that has been recolonized on a site developed by the PDIS and visited the dam. A face-to-face meeting also took place between the media pool and the PDIS.

    The subjects of dissatisfaction of the populations

    At Mangafaisso, one of the ten new host sites developed not far from the Samendeni dam, the populations deplore the lack of land. “On this new site, the land is not as fertile as before. In addition, some people are obliged to spend between 15.000 and 20.000 CFA francs (23-30€) to rent cultivated areas,” says Salam Sanguié. Djema Traoré who used to grow vegetables. But on this new site, he is facing enormous difficulties due to the lack of water. “My garden was on the edge of the marigot. But here there is no water point where I can settle down to continue my planting activities. Even the water to build our houses is difficult to find”. The village chief added that he has lost a lot of land.

    As for Traoré Mariam, she appreciates the achievements on the site. “Thanks to PDIS, we have access to drinking water, electricity and our children go to school. What I ask PDIS is to help us with credits so that we can carry out income generating activities. In my village, I used to sell peanut legs. This could bring me about 300,000 CFA (460€) per year. But here I can’t manage.”

    Djema Traoré ©Welthungerhilfe
    Mariam Traoré ©Welthungerhilfe
    Le chief du village ©Welthungerhilfe

    However, according to many inhabitants of Magafesso, the PDIS has not kept its promises because they have heard that the program should offer each affected and registered household a turnkey house, a sum of 15.000.000 CFA (23.000€) and food for 20 years.

    Clarification from PDIS

    According to the coordination team of the Samendeni Valley Integrated Development Program (PDIS), the Burkinabe government and its partners have respected the compensation protocol and have even gone far beyond what was planned.

    “At the start of the project, the population census was 2.000 households. But when the project was implemented, this number doubled due to the return of migrants following the crisis in Côte d’Ivoire. As a result, we ended up with 4.000 households. In addition, villages that were supposed to be partially displaced were finally completely displaced. These various unforeseen events have had a great impact on costs” says Mr. Edgard Zombré, who is in charge of the infrastructure component of the PDIS.

    Despite these unforeseen events, PDIS has succeeded in respecting its terms of reference for the resettlement of displaced populations and accompanying measures.

    The compensation for the cultivated land, the houses and the moral prejudice suffered have been paid. The housing plots on the reception site have been granted and soon each household will have its own land title for about 18 billion CFA (16.800.000€). In addition, community socio-educational and health infrastructures at a cost of more than 11 billion CFA (16.800.000€) have been built on the sites. These include boreholes, health centers, schools, water towers, rural roads, and more.

     
    Blaise Bama ©Welthungerhilfe
    Aboubacar Gnamou ©Welthungerhilfe
    If the State has respected its share, why are the populations complaining?

    According to Mr. Aboubacar Gnamou, in charge of monitoring and evaluation of the PDIS, this crisis between the PDIS and the displaced populations is due to the interference of certain outside parties. “Some associations have made these people understand that we must compensate them for more than 15 million CFA (23.000€) per household. Nowhere in our documents is this foreseen. We presented models of houses that the populations could build with the compensation received. But in no case was it foreseen that the PDIS would build these buildings for them.  In short, none of the promises made by the people that have not been kept have any basis.

    The real problem therefore stems from the poor management of the compensation received by the beneficiaries. Despite the numerous sensitizations carried out by the PDIS to accompany them, many have unfortunately squandered their money instead of buying land or investing in their housing or undertaking conversion activities as planned.

    The proof is that when they are asked what additional assistance they need; they simply ask for money.

    In sum, it is important to remember that you can never please everyone and that nothing is achieved without sacrifice or risk. Yes, it is certain that the displacement of populations is not without damage and the PDIS had some shortcomings.  But seeing the added value that the development of the Samendeni dam will bring to the development of Burkina Faso, we can say that the sacrifice and the risks are worth it.

    by Miriam S. Onadia, original articles on Burkina 24 and Ouest-Info.

     

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